Mesdames et messieurs, prenez place ! Le rideau se lève sur une comédie municipale qui n’aurait pas déplu à Molière lui-même. L’action se déroule rue César Vezzani, à Toulon, où trois modestes arceaux à vélos vont devenir les protagonistes d’une farce administrative digne des plus grands boulevards parisiens.

Acte I : L’Apparition miraculeuse
Notre histoire commence par un coup de théâtre inattendu. Un beau jour, sans tambour ni trompette, trois arceaux à vélos font leur apparition rue César Vezzani. Comme l’a si bien rapporté PharmaCycles, ces installations surgissent du néant, plantées là par une mairie qui, on l’accorde, avait eu une idée pertinente.
L’emplacement ? Parfait ! Juste en face de deux établissements fraîchement labellisés « Accueil Vélo » : PharmaCycles avec son atelier associatif et son café vélo. Une coïncidence si heureuse qu’elle en devenait presque suspecte dans le paysage toulonnais habituel.
Acte II : L’Âge d’or (qui dura un mois)
Nos trois héros métalliques connaissent alors leur heure de gloire. Adoptés immédiatement par les bénévoles, les riverains et les cyclistes de passage, ils remplissent enfin leur noble mission : protéger les vélos des voleurs qui sévissent dans notre belle cité.
Mais attention ! Un élément perturbateur fait son entrée : les deux-roues motorisés, attirés par ces arceaux comme des papillons par la lumière. Heureusement, les forces de l’ordre se montrent pour une fois diligentes et distribuent quelques contraventions bien méritées. Tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes cyclables possible.


Acte III : Le Mystère s’épaissit
Puis vient le coup de théâtre final ! Du jour au lendemain, nos trois protagonistes disparaissent. Volatilisés ! Découpés à la disqueuse ou démontés proprement, nul ne sait. L’enquête de PharmaCycles révèle l’ampleur du mystère.



Mais voici que notre enquête prend une tournure digne d’un vaudeville : la mairie lève le voile. Les arceaux ont été retirés « à la demande des commerçants » ! Quels commerçants ? Combien de plaintes ? Mystère et boule de gomme. La transparence municipale a ses secrets.
L’ironie atteint son paroxysme quand on nous explique qu’il existe d’autres arceaux « de l’autre côté du bâtiment ». Certes, mais comme le signale la toute première entrée sur Vigilo, et comme c’était aussi signalé directement aux collectivités, ces arceaux sont conçues pour les scooters, qui s’en servent effectivement ! Nos nouveaux arceaux, eux, étaient réellement pensés pour les vélos.
Épilogue : Morale de cette affaire
Cette savoureuse comédie nous enseigne plusieurs choses sur la gestion des infrastructures cyclables toulonnaises :
- L’efficacité sélective : Une plainte, et hop ! Les arceaux à vélos disparaissent. Imagine-t-on qu’une place de stationnement soit supprimée parce qu’elle gêne la vue depuis une fenêtre ? Pour les voitures, ce genre de réactivité reste impensable.
- La consultation à géométrie variable : On interroge les commerçants mécontents, mais oublie-t-on de demander l’avis de ceux qui appréciaient ces arceaux ? Ou des riverains qui les utilisaient ? Sans parler des adhérents de l’atelier de réparation vélo juste en face, qui pourrait pourtant être considéré comme un « commerce » aussi légitime qu’un autre.
- L’art du double standard : Pendant ce temps, certains magasins de vélos n’ont que des places de stationnement automobile devant leur porte. Où est la réactivité municipale dans ces cas-là ?

Cette farce en trois actes nous rappelle qu’à Toulon, la politique cyclable reste un art délicat, où l’apparition et la disparition des infrastructures suivent une logique qui échappe parfois au simple bon sens.
Fin des trois premiers actes. Un Acte IV se prépare-t-il dans les coulisses de l’Hôtel de Ville ? À suivre…
Pour suivre nos signalements et contribuer à l’amélioration des infrastructures cyclables toulonnaises, rendez-vous sur Vigilo.