La Masse Critique, édition du mois d’août 2024

Même s’il faisait très chaud, la Masse Critique du mois d’août s’est bien déroulée. Alors que pendant des années, on n’avait même pas organisé de Masse Critique pendant les mois de juillet et août, on était une belle quinzaine de personnes.

Une belle surprise avant même le départ de la gare : Thierry Turpin, journaliste de La Marseillaise était là pour nous rencontrer. Il a récuperé nos avis sur les infrastructures, sur ce qu’il faudrait changer à Toulon et dans la métropole, et il en a écrit un article sympa, à consulter ici :

https://www.lamarseillaise.fr/societe/toulon-toujours-en-selle-pour-reclamer-un-vrai-reseau-cyclable-securise-HA16432324

Vu que c’était la pleine saison de vacances et qu’on vivait un épisode de canicule, on espère que pour la rentrée on pourrait mobiliser plus de gens !
Let but reste de rassembler un maximum de gens personnes réclamer ce dont on a le droit : un vrai réseau cyclable partout en ville, et non seulement sur quelques grands axes sans connexion entre eux.

Voici le trajet qu’on avait préparé en amont :

Carte de Toulon avec un trajet venant de la gare jusqu’à la piste du littoral en contournant la haute-ville et en traversant la basse-ville et Saint-Jean-du-Var

En gros, le trajet s’est plutôt bien passé. On avait fait un peu de reconnaissance deux jours avant, et on était donc un peu préparé. Il restent désormais quelques endroits ou les difficultés pour les vélos sont bien au-delà de la normale, même pour Toulon. Discutons-les un peu…

Du Cours Lafayette au Stade Mayol

Jusqu’au centre-ville, tout allait bien. On roulait principalement sur des pistes sécurisées, notamment celle sur celle de l’avenue Rageot de la Touche et le long de la Corderie.
Depuis la place d’armes, on traversait le centre-ville lentement, jusqu’au Cours Lafayette où on s’orientait vers le port. Mais une fois arrivé tout en bas du cours, rejoindre le stade Mayol n’est pas du tout évident à vélo, surtout en groupe.
C’est l’une des principales revendications de tous les cyclistes à Toulon : aménagez l’avenue de l’avenue de la République dans le sens ouest-est !
On en parlait déjà l’année dernière quand la mairie (encore sous l’égide d’Hubert Falco) a failli finir la rénovation de l’avenue sans aucun aménagement. Sous pression des associations (et probablement suivant les conseils d’avocats, vu que la loi est très claire sur le sujet) la mairie a fini par mettre en place une bande cyclable à sens unique, et qui est considérée par beaucoup d’usagers comme peu sécurisée. Même si la situation côté est de l’avenue rend la mise en place d’une vraie piste plus compliquée que sur le reste du port, des solutions existent, et nous les avons abordées los de notre réunion à la mairie en décembre dernier :

Bref: rejoindre Mayol en groupe était un vrai défi, et nous avons choisi de le faire le plus court possible :

Détail de carte en mode satellite montrant la traversé de l’avenue de la République depuis la rue du Mûrier, jusqu’au trottoir devant Mayol

Mais cet itinéraire n’est pas évident et pas du tout sécurisé. Depuis la rue du Mûrier, il faut tourner à gauche sur l’avenue de la République tout en restant sur la voie de gauche, c’est-à-dire au milieu de l’avenue entre une voie qui va dans l’autre sens et deux voies sur notre droite. On arrive tout de suite devant un feu rouge après lequel il faut tourner à gauche. Après un dernier « cedez le passage » on arrive sur le trottoir devant le stade.

Pour une distance d’à peine 100 mètres, cet endroit pose beaucoup de problèmes qui empêchent les gens de le traverser à vélo.

Nous étions donc arrivés à Mayol, et la prochaine étape était de prendre la magnifique piste cyclable sur l’avenue Roosevelt. Mais ensuite, nous entrions…

Le Rond-point Bir-Hackeim

La prochaine situation délicate était la traversée du rond-point Bir-Hackeim. En venant du sud par la piste cyclable de l’avenue Roosevelt, en tant que vélo, on se trouve à gauche de quatre voies de voitures, dont deux qui continuent tout droit et deux qui tournent à droite. Pour notre trajet qui traversait Saint-Jean-du-Var, nous devions arriver de l’autre côté du rond-point, duquel on est à ce point séparé par environ sept voies et au moins deux feux.

Là, même pendant nos sorties de reconnaissance, nous n’avions pas réussi à trouver une façon correcte et sécurisée de traverser. Aucune des solutions que nous avons trouvées n’était satisfaisante :

Détail de carte en mode satellite qui démontre les différents trajets pour traverser le rond-point, tous plus merdiques les uns que les autres

La voie rouge implique de passer un feu en « mode piéton » mais de s’arrêter en plein milieu de la voie pour se placer devant les voitures, puis de reculer un peu pour pouvoir regarder le feu. Ensuite, on traverse la première partie du rond-point, mais on doit s’arrêter encore une fois devant un feu au milieu du rond-point, pendant que des voitures cherchent à nous passer pour tourner à gauche et longer le champ de mars.

La version jaune nécessite de quitter la piste cyclable sur l’avenue Roosevelt bien avant le feu, de se placer sur l’une des deux voies centrales derrière les voitures (faute de sas vélo), ce qui permet ensuite de traverser en plein milieu des voitures, mais en une seule fois car les deux feux sont synchronisés.

La version bleue (c’est celle qu’on a finalement adoptée le soir de la Masse Critique) consiste à attendre au feu sur l’avenue Roosevelt pour que toutes les voitures qui continuent sur le champ de mars soient parties, ou que leur feu passe au rouge. Lorsque c’est possible, on emprunte la voie de droite pour atteindre le premier îlot piéton. On attend là pour traverser vers Saint-Jean-du-Var.

Cet « rond-point » est en vérité une absurdité et un vrai obstacle pour les cyclistes.
La seule raison pour laquelle on se sentait à demi protégés était le pouvoir du nombre, avantage dont les cyclistes doivent – pour l’instant – se passer au quotidien.

Bon, mais on y est arrivé et on a traversé Saint-Jean-du-Var sans beaucoup de problèmes. C’est un quartier assez délaissé, avec des voies qui ne plaisent pas aux voitures non plus. Avec la Masse Critique nous essayons de faire, au fil des mois, de faire le tour des quartiers de Toulon. Nous avions trop l’habitude de nous rassembler au centre-ville et d’y rester. Maintenant on se focalise sur l’aspect d’être vu, et surtout d’être vu par les non-cyclistes. Il est donc intéressant et important de se montrer dans des quartiers comme Saint-Jean-du-Var où l’on trouve presque uniquement des voitures et autres véhicules motorisés. C’est là que le potentiel d’amélioration est le plus élevé, particulièrement si l’on considère l’état des routes dans le quartier. Il va falloir les refaire à un moment, et ça serait aussi le moment d’introduire de vraies infrastructures cyclables.

Cela nous amène à la troisième partie un peu délicate..

Le passage piéton de la Barentine

Très peu connu, ce tunnel offre toutefois l’une des rares opportunités de franchir l’autoroute:

Vue aérienne du tunnel montrant les différentes entrées et sorties, ainsi que la connexion avec la piste du littoral

Cependant, même s’il était rénové en 2021, il reste clairement conçu pour les piétons, notamment les bipèdes. La rampe d’accès est très étroite et nos cyclistes en custom-bike ont à peine réussi à négocier les virages serrés. Pour notre participant en fauteuil roulant, c’est possible d’y passer, mais c’est clairement conçu pour ne pas prendre trop de place des voitures sur l’autoroute qui est en train d’être élargie. 🤦

La rampe d’accès du tunnel, côté nord.

Finalement, nous avons atteint la piste cyclable du littoral pour terminer la balade autour d’un repas partagé, qui était sympa comme d’habitude. Le choix de terminer à côté de l’Eygoutier s’est avéré être une bonne idée. Protégés par les arbres et à côté du petit courant, nous étions un peu à l’abri de la chaleur.

Bilan

La situation du vélo reste précaire. Même avec des multiples sorties préparatoires, nous, cyclistes, ne sommes pas en capacité de franchir les nœuds importants du réseau routier de Toulon sans nous mettre en danger.

Nous invitons les techniciens de la ville et de la métropole à faire ces trajets avec nous un jour, mais il est important pour les non-cyclistes de nous faire confiance quand nous disons qu’il n’y a pas d’alternative aux infrastructures cyclables vraiment sécurisées.

Non, la responsabilité individuelle des conducteurs ne suffit pas. Non, un bon casque et le respect du code de la route par les cyclistes ne suffisent pas non plus. De même, les marquages au sol ne suffisent pas. Il nous faut de vraies pistes cyclables.

Les chiffres le démontrent partout : faute d’infrastructure sécurisée, l’adoption du vélo comme mode de déplacement au quotidien reste très faible. Si on risque des accidents en se mettant en selle, ce sont uniquement les gens qui adorent le vélo en soi qui l’empruntent. Mais une fois qu’une piste sécurisée est installée, les gens choisissent le vélo, parce que c’est le meilleur moyen de se déplacer. En fin de compte, c’est ce que nous réclamons : faites du vélo le choix évident entre les différents modes de déplacement!

C’est tout pour l’instant, on se retrouve le 5 septembre pour la prochaine balade !

On peut pas vraiment finir sans vidéo!